Incontournable
article | Temps de Lecture10 min
Incontournable
article | Temps de Lecture10 min
Découvrez la pièce la plus emblématique du château de Pierrefonds ! Elle tire son nom des statues des neuf Preuses qui ornent la cheminée monumentale.
Nous sommes en 1858, le château de Pierrefonds n’est encore qu’à l’état de ruines. Pourtant, le projet qu’Eugène Viollet-le-Duc propose à la famille impériale inclut des croquis, dont l’un est une salle majestueuse que l’architecte nommera la salle des Preuses.
D’où vient ce nom ? De la présence de neuf statues représentant de célèbres guerrières de l’Antiquité qui ornent la cheminée monumentale visible sur le mur du fond..
Pièce emblématique du château de Pierrefonds, par ses dimensions et son décor, celle-ci représente à elle seule, le moment fort du circuit de visite. Sa voûte en forme de coque de bateau renversé, ses 53 mètres de long et ses 10 mètres de large lui donnent l’aspect d’une salle de bal.
On imagine tout à fait cet espace rivaliser avec ceux qui ont fait la renommée des grands bals du Second Empire, tels les salons de l’Hôtel de la Marine.
En dépit de l’atmosphère médiévale qui y règne, les procédés techniques employés (système de chauffage par calorifères, sanitaires, mais aussi certains des matériaux utilisés) sont représentatifs d’une époque particulièrement innovante. La salle des Preuses se révèle être l’une des expressions les plus accomplies de l’industrie française, dont le couple impérial fait ici la promotion.
La charpente n’est pas en chêne comme on pourrait le croire de prime abord, mais en métal riveté, à l’instar de la tour Eiffel. Ce fer réinventé va supporter les toitures de Pierrefonds, mais également son pont-levis.
Au sortir de la salle des armes de poing, et dès le passage de l’entrée, tous les regards sont attirés par l’impressionnante cheminée imaginée sur le modèle de celle de la salle des Preux du château de Coucy, situé à quelques kilomètres de Pierrefonds. Elle se présente sous la forme de deux foyers, assez imposants pour accueillir des bûches de 1 mètre de long. Au-dessus du manteau de cette cheminée monumentale se tiennent les neuf fameuses guerrières, dont les traits sont ceux de l’Impératrice Eugénie et de ses dames de compagnie.
Tout aussi remarquable, la polychromie est pensée pour magnifier plafonds, murs et éléments de décor par la couleur. Cette restitution exemplaire repose principalement sur une bonne connaissance technique de la peinture architecturale médiévale liée aux recherches approfondies effectuées par Eugène Viollet-le-Duc.
Achevée en 1867, cette salle devient pour l’ouverture de l’Exposition universelle de la même année, un musée. La collection personnelle d’armures et d’armes de poing de Napoléon III y est donnée à voir au public. Le lambris posé aux murs est destiné à accueillir chaque armure, tandis qu’une vitrine au centre de la pièce est conçue spécialement pour les pièces d’exception.
Le 5 novembre 1866, Viollet-le-Duc écrit à Lucjan Wyganowski, inspecteur des travaux de restauration du château :
À grands pas, le rêve impérial prend forme.
Les visiteurs se précipitent pour découvrir cette collection unique au monde, et pour visiter le chantier de restauration : trois cents personnes seront présentes le 2 juin 1867, jour de l’ouverture du musée, et l’affluence ne fera qu’augmenter puisque l’on dénombre plus de 1 000 visiteurs par semaine sur seulement deux jours d’ouverture de midi à 16 h.
À la chute du Second Empire et face à l’invasion de la Prusse et de ses éventuels pillages, Eugène Viollet-le-Duc s’empresse d’expédier la collection en lieu sûr.
Quatre-vingt-cinq caisses seront nécessaires pour transporter les centaines d’objets jusqu’aux Invalides. À ce jour, elles sont toujours dans les collections du musée de l’Armée.
Vous voulez tout savoir sur ce qu’il est arrivé au château de Pierrefonds après la chute de Napoléon III ? Découvrez son histoire.
Retrouvez ce chantier exceptionnel et parcourez le travail des entreprises et artisans d’art qui ont œuvrés à une restauration jamais entreprise depuis 150 ans.